A LIRE : La crise sanitaire va-t-elle faire émerger un nouveau type de dirigeants ?

A LIRE : La crise sanitaire va-t-elle faire émerger un nouveau type de dirigeants ?

Le profil du dirigeant de demain, brossé par Marc Pagezy, président-fondateur du cabinet Exec Avenue, spécialisé dans le recrutement de dirigeants et de cadres à haut potentiel.

La crise du Covid-19 a impacté les organisations… mais aussi leurs dirigeants ! Pour piloter leur entreprise dans un contexte empreint d’incertitudes, ces derniers doivent faire preuve d’agilité et de leadership, mais aussi d’une plus grande sensibilité vis-à-vis des sujets sociétaux.

 

 Dans quel état d’esprit sont actuellement les dirigeants ?

 

À l’annonce du premier confinement en mars 2020, les dirigeants étaient sidérés. Aujourd’hui, un an après, ils sont confiants dans l’avenir. Leur moral est bon car plusieurs signes tangibles prouvent, dans la plupart des secteurs, que l’activité est dynamique. Même si cette reprise est corrélée aux campagnes de vaccination, les dirigeants sont prêts et ont envie d’en découdre ! C’est une bonne nouvelle car les sujets sont nombreux. La crise a engendré une accélération sans précédent de la transformation des entreprises, tant concernant leur organisation (travail à distance…) que leur activité (digitalisation…) Les dirigeants doivent faire preuve d’agilité, de capacité d’anticipation, de leadership pour appréhender ces nouveaux sujets. Ils doivent également traiter le phénomène d’usure qui touche certains managers, mais aussi parfois celui de lassitude de ceux qui s’approchent de la retraite. Cela suppose d’accélérer la relève des générations, de redimensionner les fonctions lors des remplacements, de remettre à niveau les équipes sur des compétences jusqu’alors souvent sous-estimées ou reportées à plus tard comme le marketing digital et la cybersécurité.

 

Le profil des dirigeants recherché par les entreprises et chassé par votre cabinet a-t-il évolué depuis le début de la crise ?

Oui, car on ne pilote plus aujourd’hui une entreprise comme on le faisait hier. La crise du Covid-19 est une crise inédite, la plus importante depuis l’après-guerre, qui touche toutes les dimensions : humaines, géographiques, sanitaires, organisationnelles, financières… Tous les dirigeants sont aujourd’hui dans le même bateau. Quel que soit son secteur, un dirigeant est de plus en plus attendu à travailler dans un monde différent. Sa capacité à travailler, approfondir et améliorer la relation client digitale via le marketing est par exemple clé. On n’attend pas de lui qu’il maîtrise toute la technique, mais qu’il comprenne les enjeux et impulse la dynamique. Par ailleurs, les dirigeants sont attendus sur leur capacité à repenser l’organisation du travail notamment en prenant en compte les avantages mais aussi les risques liés au distanciel. La crise du Covid-19 impose également aux dirigeants d’être plus proactifs vis-à-vis de leurs collaborateurs, de faire évoluer le mode de management. Les réunions doivent être plus régulières mais plus courtes, de nouveaux calendriers doivent être trouvés pour suivre les projets… Demain, lorsque nous retrouverons notre sentiment d’immunité, nous trouverons tout cela très banal ! Mais en attendant, c’est notre nouvelle réalité.

 

Veut-on vraiment des dirigeants plus « humains » ?

Un dirigeant n’est pas là pour être bienveillant, mais pour que son entreprise réussisse. Or, la réussite d’une entreprise implique de savoir embarquer les collaborateurs dans un projet qui fait sens. Et ce tout particulièrement avec les nouvelles générations. Globalement, avec la crise du Covid-19, les salariés, quel que soit leur niveau dans l’entreprise, travaillent dans des conditions plus difficiles qu’à l’accoutumée. C’est le rôle des fonctions RH, largement mises en avant par la crise, que de sensibiliser les dirigeants sur ces sujets. Les RH doivent porter une attention extrême à leur mal-être éventuel, rompre avec le sentiment d’isolement de certains. Leur rôle est également d’aider les managers et dirigeants à repérer les signaux faibles d’isolement auprès de leurs collaborateurs et de pouvoir les soutenir si nécessaire. Ces missions leur imposent une bonne dose de leadership.

 

Comment définiriez-vous le dirigeant de demain ?

Avant toute chose, il devra savoir embarquer ses équipes, ce qui ne peut se faire sans leadership. Il devra également faire preuve d’humilité : la réussite d’une entreprise est collective, et non celle d’une personne seulement, et la crise nous l’a encore rappelé. Il devra être pragmatique et agile, c’est-à-dire avoir cette capacité à faire vite et bien et surtout à s’adapter. Cela supposera une bonne connaissance de soi et de ses limites personnelles. Enfin, il devra être ouvert : cela signifie être au fait des évolutions et des préoccupations sociétales et de leurs implications, et non uniquement centré sur son entreprise. Concrètement : ne pas plaquer mais enraciner ses engagements sociétaux dans l’activité de l’entreprise, investir dans l’économie verte, mener des actions en faveur de la parité… Ce sera d’autant plus important de s’approprier le sujet de la responsabilité sociétale de l’entreprise que c’est l’une des attentes de la nouvelle génération. En résumé, le dirigeant de demain est un dirigeant qui a de l’impact sur son entreprise bien sûr, mais aussi plus largement sur la société.

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Propos recueillis par Aurélie Tachot

FocusRH le 29/03/2021